samedi 5 avril 2014

Le Roman du café - Pascal Marmet

Le Roman du café de Pascal Marmet
244 pages, édition le Rocher
Lecture par un partenariat.

Synopsis : Café, qui es-tu ? Drogue, business, médicament, plaisir, carburant, poison ou un ami qui nous veut du bien ?
 
Dans les coulisses des légendes illustrant le grain sombre, au coeur d'un colossal commerce voué à l'écologie pour durer, ce récit romanesque se déguste à travers l'amitié d'un jeune aveugle passionné de cafés et de son extravagante amie d'enfance.
 Du Brésil au Costa Rica, du Vietnam à la Cote d'Ivoire, rien n'échappe aux regards croisés d'un torrefacteur éco-responsable et d'une pimpante journaliste.
 
L'essor de cet or brun est une véritable épopée gorgée de rebondissements, de faits d'armes parfois, plus souvent de passions partagées pour le divin breuvage, une histoire liée à l'esclavage, et tout simplement, à l'humanité. Après la lecture de ces pages qui n'épargnent ni les consommateurs, ni les industriels, vous serez peut être enclin à changer radicalement vos habitudes de café.
 
Un petit extrait : Les clients présents ne sont jamais revenus. Double perte. Curieusement, on évite ma boutique, et ceux qui reviennent demandent où est Julien. Et ça m'énerve de comprendre que sans lui à mes côtés, je n'existe pas.
C'est moi, l'infirme, pas lui.
 
Mon Avis : Je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement Pascal Marmet, tout d'abord pour l'envoi systématique de ses nouveaux livres et surtout, SURTOUT ! pour l'envoie de celui-ci et enfin, pour m'avoir fait déguster un robusta de papier sous un magnifique caféier dont les fruits peuvent être cueillis. Encore une fois, un livre signé Pascal Marmet m'a conquise.
 
Tout d'abord, il faut savoir que j'A-D-O-R-E le café. C'est une religion chez moi, au petit-déj pour commencer la journée, après avoir manger, et dans l'après midi si nous avons des invités : il faut absolument boire cet or noir recouvert d'une couche de mousse, attention toujours très très chaud !
 
Ce livre frôle pour moi la perfection. Non il est "LA" perfection pour les historiens et amateurs de cafés. Je viens tout juste de le terminer et il ne faut pas en perdre une goutte.
Tout d'abord je commencerais par la plume de Pascal Marmet. Je la trouve addictive, oui c'est bien le mot. Une alchimie se forme dans ma tête quand je commence à lire du Pascal Marmet. Je suis sûre que même s'il écrit un jour Le Roman des poux, je serais capable de le lire juste pour retrouver cette aisance dans l'écriture qui caractérise cet auteur. Elle est tendre, touchante même. L'auteur souvent en avant des personnages n'ayant pas eu la vie facile comme dans son précédent livre Le Roman du parfum, et à chaque fois j'ai le coup de cœur : l'auteur ne met pas en avant l'handicap, il met en avant l'humain et les petits dons que nous avons tous qui nous différencient les uns des autres. Je n'ai pas lu à travers les yeux opaques de Julien, j'ai vécus l'aventure avec Julien, Jo et le persécuteur François. De plus, le vocabulaire est très riche, étourdissant, spécialisé dans le monde du café. La plume de l'auteur est un formidable 4x4 : tous terrains, tous sentiments, toutes vies.
Vous l'avez donc compris, c'est un réel plaisir pour ma part de lire du Pascal Marmet. Des émotions, des messages, des explications : tout est limpide et coule sans que rien ne gêne nos yeux ..
 
Julien, tu m'as touché en plein cœur. Etant étudiante infirmière, je souhaite travailler avec des personnes handicapées, que ce soit physiques ou mentales. Et ce brave Julien, cette encyclopédie "caféiesque" sur patte, m'a forcé à me poser une question : qui suis-je pour me plaindre ? Pas qu'à cause de l'handicap de Julien. Mais à cause de ce que je fais au quotidien. Je peux lire, sortir, bouger, je marche, je parle, j'ai un smartphone .. Malgré les bons et les mauvais côtés de la vie, nous sommes quand même chanceux, nous les français, de pouvoir mener le train de vie que nous menons même si à nos yeux, c'est pas l'grand luxe. Bon et là, je m'éloigne du sujet.
En apparence fragile, vie peu banale, une amie aussi précieuse que le café, voilà ce qui résume Julien. D'une incroyable tendresse et patience, malgré ce que l'vieux lui a fait voir, Julien est un conteur de café. De son histoire à sa récolte, en passant par les personnages l'ayant découverts et en revenant par toutes les différentes sortes, Julien est incollable sur tout. Ce savoir, il le tient de sa curiosité mais aussi de son grand-père torréfacteur "à l'ancienne" je dirais.
Entre eux, l'atmosphère est tendu. Deux piètres bavards (sauf quand il s'agit de café), ils se regardent, se cherchent, se méfient et se reniflent. Quelques aboiements de la part du plus âgé pour masqué une affection cruelle. Une impassibilité du plus jeune, cherchant à se faire aimer de son aîné. Telle est le quotidien de Julien, l'aveugle et de François, le grand-père détruit. Derrière son apparente méchanceté, ce vieil homme au grand cœur, ce bout racorni de vie a permis à des dizaines de personnes de travailler dans le café de manière noble et bonne. Pourtant, il est incapable de communiquer avec Julien qu'il traite comme un chien galleux ..
Intervient Jo, dans cette sombre querelle. Très mystérieuse selon moi dans le récit, nous ne pouvons l'imaginer que par les sensations qu'elle fait naître chez Julien. Petite tornade de joie, aventureuse à ses jours perdu, cette journaliste sera les yeux et les pas de Julien dans son périple. Ce mystère m'a plu chez Jo, me permettant de l'imaginer à ma guise, tantôt comme une femme ordinaire, tantôt comme un petit ange tombé du ciel au cœur gros comme un caféier.
Tous ces personnages donnent chacun à leurs manières et grâce aux points de vus que chacun nous donne, un souffle singulier à cette histoire brûlante.
 
Merci, merci, MERCI du dépaysement total que m'a procuré ce livre. J'ai suivis Julien et Jo dans leur périple, et même quand Julien racontait l'histoire du café je n'était plus en France mais à lesdites époques. Tant de descriptions, tant de senteurs et de couleurs qui enivrent nos sens c'est fort. C'est du grand Pascal Marmet quoi.
 
Je n'ai que deux minuscules, riquiquis bémols à donner à ce livre. Le premier, même si c'est le sujet, c'est les dates, personnages et lieux impressionnant de ce livre. Un vrai recueil de données, précis et très complet mais qui quelques fois m'a perdu. Heureusement que Jo, résume toujours le tout d'un point de vue non initié et donc plus abordable.
Le second point noir c'est le passage avec le fameux James alias Christian. Je trouve que ce tout petite bout d'histoire méritait un peu plus de développement car je trouve qu'il arrive un peu comme un cheveux sur la soupe. Soit un peu plus développé, soit il n'a pas à être là. C'est dommage car on sent une dénonciation très forte de l'auteur vis-à-vis des pratiques (Ô encore exploitées) de personnes mal intentionnées qui dans le but de s'enrichir n'hésite pas de un à détruire le patrimoine du café, et de deux à exploiter de pauvres paysans sans vergognes.
 
Les + de ce livre :
- La singularité du sujet
- Une plume .. Waaaaah ..
- Des personnages forts
- Les dénonciations
- Les petites photos au milieu
- Le dépaysement total
 
Les - de ce livre :
- L'intrigue policière mal agencée
- Le lecteur naufragé, noyé sous les informations parfois
 
Pour une note globale de : 19.5/2O

 

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